Apprenez à jouer avec la profondeur et le relief

Dessin et peinture | 0 commentaires

L’une des difficultés majeures rencontrées par les artistes (et pas uniquement les novices), réside dans la complexité à donner du relief et de la profondeur à leurs dessins et peintures, effectués par définition sur une surface plane. Nous verrons ici comment réveiller une réalisation trop plate en créant des volumes, de la perspective, des effets de mouvement et de lumière. Ce sont ces éléments qui permettront de donner de la vie et du réalisme à votre œuvre.

1. Jouer avec la profondeur, c’est d’abord y penser

Avant d’entreprendre votre œuvre, et peu importe votre medium, il est essentiel de réfléchir à sa composition générale. Prêtez un œil attentif aux perspectives, aux lignes de fuite et au placement des différents éléments dans le plan. Cela vaut pour l’architecture, mais il en va de même pour le dessin de personnages, d’animaux ou d’objets dans l’espace : gardez en tête que de bons volumes vous éviteront les écueils classiques rencontrés par les pratiquants d’arts graphiques, comme nous l’avons vu dans notre dernier article ! Il est capital d’apporter de la cohérence à votre réalisation.

La méthode la plus simple reste l’utilisation de traits de construction avant de passer à l’encrage, la peinture, etc. Plus vous vous entraînerez, plus cette méthode vous semblera intuitive. Vous comprendrez alors peu à peu comment jouer avec la profondeur. 

Pour ce dessin préalable, nous vous conseillons de commencer par la recherche du (et parfois des) point(s) de fuite. C’est l’endroit où convergent les différentes lignes de fuite que vous trouverez en regardant autour de vous : dans les carreaux de carrelage, le tracé formé par les toits dans une longue rue ou encore celui des colonnes portant un pont par exemple. Grâce aux lignes et point de fuite, vous pourrez plus facilement dessiner les formes qui vous entourent. Vous saurez vous repérer dans l’espace que vous venez de dessiner. Alors, vous pourrez reproduire assez grossièrement vos éléments, pour pouvoir les retravailler par la suite. Pensez au sculpteur qui vient tailler son buste dans une large cube et inspirez-vous en : vous parviendrez ainsi à garder un jeu de proportions similaire à ce que vous percevez et retranscrirez fidèlement votre sujet.

Le meilleur entraînement ici reste le dessin de voyage : bien qu’il dispose souvent d’imperfections, et que les traits s’y enchevêtrent parfois, il vous permettra de travailler les formes et l’appréhension de l’espace.

2. Faites entrer la lumière

La lumière doit être au cœur de vos préoccupations … et les ombres aussi ! Ce sont ces deux éléments qui permettront à votre réalisation de vraiment gagner en réalisme, en profondeur et en volume. Il est donc primordial de réfléchir très tôt à l’origine de votre ou vos source(s) de lumière. Débutez simplement, par les bases : une scène de jour fera parfaitement l’affaire. Prenez ensuite soin de réfléchir aux volumes de vos éléments dans l’espace (le premier point devrait vous aider). Vous pourrez alors commencer à placer vos ombres portées – en tenant compte des objets abrités de la lumière -, mais également à foncer les faces de murs et les feuillages qui ne sont pas orientés vers le soleil.

Un point particulier est à noter ici : les ombres doivent suivre les mouvements des éléments de l’espace. En d’autres termes, un sillon et une butte n’auront bien sûr pas les mêmes reliefs, cela se ressentira donc au niveau des ombres. Pour vous rendre compte de tout cela, et l’appliquer au mieux lorsque vous réalisez votre œuvre, le mot d’ordre est « curiosité ». Tout.e artiste est avant tout fin.e observateur.rice.

3. Que votre main suive votre oeil

Nous venons de le dire, permettez-nous de le répéter : si la dextérité de l’artiste est importante, sa perception visuelle l’est encore davantage. Comment reproduire fidèlement un modèle, si l’on ne parvient pas à en saisir tous les détails ?

Certains points ne vous seront ici pas tout à fait inconnus si vous avez déjà étudié l’art pictural ou la photographie. Prenez La Joconde ou Le voyageur contemplant une mer de nuage par exemple, et observez bien leur arrière-plan. Vous remarquerez que plus les éléments sont éloignés, plus ils sont flous, nappés, brumeux, de couleur terne. Les détails s’effacent pour ne laisser place qu’à des silhouettes et des ombres.

À l’inverse, les objets plus proches de l’observateur.rice possèdent des couleurs plus vives et de nets contours. Les photographes eux utilisent le flou d’arrière-plan (ou bokeh), justement pour mettre en valeur leur sujet. Cela le faire ressortir de son cadre, et lui donne de la profondeur. Notez bien que les techniques détaillées s’inspirent largement de notre vision réelle. Ceux qui ont déjà contemplé l’horizon depuis un promontoire ou un haut édifice le savent bien : plus les objets sont éloignés de nous, proches de l’horizon, plus la perception que nous en avons se dégrade.

Un autre point à souligner ici est la confiance que vous devez avoir en votre œil. Derrière cette assertion obscure se cache une réalité parfois difficile à intégrer pour les artistes. Le point de vue que nous adoptons par rapport à une scène ou un sujet (de face, aérien, vu du dessous ou de trois quarts, etc.), nous pousse parfois à dessiner des formes particulières qui nous déstabilisent. Faites le test, en pointant simplement votre index vers votre œil. Vous verrez alors qu’il sera très facile de dessiner votre main et votre doigt à partir de cercles (comme décrit dans le premier point).

Or, faire confiance à son œil est parfois difficile. Les formes une fois tracées ne nous paraissent pas forcément naturelles ou réalistes. On peut alors être tenté de les retravailler sans même prêter attention à notre modèle. Il faut pourtant poursuivre cet effort d’attention visuelle ! Les traits de construction ne sont certes que des indicateurs, mais encore une fois, ils permettent de garder la cohérence que vous souhaitez obtenir en termes de proportions. C’est grâce à eux que vous pourrez donner de la profondeur et du relief à votre réalisation.

4  – Créez du mouvement

Dernier point et non des moindres : le mouvement. Encore une fois il s’agit d’un véritable défi. Comment insuffler la vie à une peinture ou un dessin pour rompre sa linéarité, casser son aspect figé ?

Commençons par les modèles vivants. Que vous souhaitiez dessiner des êtres humains ou des animaux, il vous faudra d’abord prêter grand soin à l’anatomie. Une bonne connaissance des proportions du corps, de l’articulation des membres, des volumes et de leur représentation selon différents points de vue vous sera d’une grande aide. Le dessin de nu est alors un allié de choix, et des cours sont d’ailleurs proposés dans de nombreuses villes. Vous pouvez également commencer par croquer les silhouettes de passants ou d’ami.e.s, mais il est plus facile d’apprendre à dessiner une silhouette puis de l’habiller que l’inverse !

Les cartoons des années 30, aussi étonnant que cela puisse paraître, vous permettront également d’intégrer la notion de mouvement. Les techniques du dessin animé sont certes particulières, jouent de la déformation et du changement de vitesse, mais en vous inspirant de ces mouvements exagérés et caricaturaux, vous comprendrez mieux comment fonctionnent les gestes humains et animaux. Vous parviendrez ainsi à rendre vos scènes plus vivantes.

Pour finir, le mouvement doit aussi exister dans les arbres, l’eau, et d’autres éléments présents dans l’espace. Pour retranscrire cela, plusieurs techniques sont possibles. Vous pouvez notamment tracer des lignes en suivant la courbe d’une  colline, ou vous servir de différentes nuances de vert pour marquer le souffle du vent dans l’herbe par exemple. Vous pouvez également utiliser la technique de l’humide sur humide en aquarelle, pour créer une sensation de fluide. Ces éléments apporteront eux aussi profondeur et relief à votre œuvre.

Image tirée du cours Je dessine des personnages dans un espace aux crayons de couleur

Nous espérons que cet article vous aura plu et surtout, qu’il vous permettra de progresser dans votre apprentissage. Il ne vous reste plus qu’à vous entraîner encore et encore, à travailler et tester de nouvelles choses par vous-mêmes, ou en suivant nos cours !

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