Maintenant que nous savons quel lainage choisir pour quel projet, il nous reste à apprendre les techniques et les astuces pour préparer le tissu et le coudre de la meilleure maniÚre. Parcourons ensemble toutes ces étapes !

PRĂPARER SON ĂTOFFE DE LAINE
DIFFĂRENTES MANIĂRES DE DĂCATIR LA LAINE
DĂCATISSAGE AU FER
Ă Vous Ă©talez votre tissu bien Ă plat (sans le plier) et vous lâhumidifiez avec un vaporisateur : cette Ă©tape permet de resserrer les fibres de laine en les chargeant dâhumiditĂ©.
Ă Vous sĂ©lectionnez le rĂ©glage « laine » de son fer en position vapeur et on passe doucement le fer sur toute la surface du tissu, en le touchant Ă peine. Il est encore plus important dâĂȘtre dĂ©licat avec le fer quand vous repassez un bouclĂ© ou un tweed, pour ne pas Ă©craser le relief du tissu.
à Vous laissez ensuite votre tissu sécher à plat, de maniÚre à ce que les fibres se resserrent, et se condensent définitivement. Il est important de ne pas manipuler le tissu quand il est encore chaud et humide pour ne pas le déformer.


LE PRESSING
Ă Pour les laines les plus fragiles (un challis par exemple) ou les plus susceptibles de rĂ©trĂ©cir (un crĂȘpe par exemple), il est judicieux dâemmener lâĂ©toffe au pressing. Câest du reste de cette maniĂšre que vous traiterez le vĂȘtement fini.
à Il faut spécifier au pressing de ne pas « laver » le tissu mais de simplement le passer à la vapeur (légÚre) sans le plier.
LA MĂTHODE DES TAILLEURS DE SAVILLE ROW
(ou méthode londonienne)
Ă Câest la mĂ©thode la plus traditionnelle de dĂ©catissage de la laine, elle est simple Ă mettre en Ćuvre mais demande de la patience.
Ă Ătalez une serviette de bain sur votre plan de travail. Sur cette serviette, Ă©talez votre Ă©toffe pliĂ©e en deux.
Ă Humidifiez le tissu avec un vaporisateur puis roulez (sans serrer) la serviette et le tissu ensemble.
à Laissez sécher pendant vingt-quatre heures et le tour est joué.
Ă Cette mĂ©thode de dĂ©catissage prĂ©sente lâintĂ©rĂȘt dâempĂȘcher la laine de feutrer.


MARQUER ET COUPER SON ĂTOFFE DE LAINE
Choisir la bonne méthode de marquage :
La rĂšgle dâor est simple : on teste toujours sa mĂ©thode de marquage sur un Ă©chantillon pour ne pas avoir de dĂ©convenues.
Il faut vérifier les points suivants :
à Est-il facile de retirer le marquage ? Si oui, comment ?
à Laisse-t-il des traces ?
à Combien de temps tient-il tout seul ? Pour un projet long (plusieurs jours ou semaines de travail), on préférera un marquage qui tient dans la durée.

LE MARQUAGE Ă LA CRAIE
Il existe trois types de marquage à la craie : le crayon craie, la roulette et la craie tailleur.
Ă Le crayon craie : trĂšs bonne tenue, mais lorsquâon marque le tissu avec le crayon, le risque est de le dĂ©former. PrĂ©fĂ©rez utiliser un crayon craie sur une laine avec de la tenue (Ă©vitez le crayon craie sur une Ă©tamine par exemple).
Ă La roulette : elle dĂ©pose une fine poudre de craie. Câest un outil qui permet dâĂȘtre dĂ©licatâŠen revanche la poudre sâenvole rapidement, le marquage ne tient pas dans le temps.
Ă La craie tailleur : un bon compromis entre les deux prĂ©cĂ©dentes options. La craie tailleur a une bonne tenue dans le temps car elle est enrobĂ©e de cire. Il est plus facile de tracer ses marques sans appuyer et dĂ©former le tissu. Il faut nĂ©anmoins vĂ©rifier que le mĂ©lange cire/craie sâen va facilement Ă lâeau.
LE MARQUAGE AU FIL Ă BĂTIR
La mĂ©thode des tailleurs encore une fois. Câest une mĂ©thode qui demande beaucoup de patience mais qui est pratique et prĂ©cise.
Ă Pratique parce quâelle permet de marquer aisĂ©ment les deux Ă©paisseurs de tissu.
Ă PrĂ©cise parce que vous marquez vos piĂšces sans avoir Ă les bouger : toutes vos marques seront exactement au mĂȘme endroit sur vos deux piĂšces. Pour marquer des poches ou des boutonniĂšres, câest la mĂ©thode que nous recommandons pour ĂȘtre certain-e-s de nâavoir aucun dĂ©calage.

PETIT POINT SUR LA COUPE
Privilégiez les ciseaux plutÎt que le cutter rotatif pour couper la laine : la laine est par essence un tissu fibreux et à la coupe les fibres et les bouloches risquent de se coincer dans la roue de votre cutter.

CHOISIR LE FIL, L’AIGUILLE ET LE BON PIED PRESSEUR
AIGUILLE
Pour choisir son aiguille, il faut se remĂ©morer une rĂšgle de base : plus le tissu est lourd, plus le diamĂštre de lâaiguille doit augmenter. Pour la laine, il est donc pratique dâavoir un jeu dâaiguilles universelles. La taille dâaiguille que vous utiliserez le plus souvent sera probablement lâaiguille 80 qui convient pour les lainages moyens. Pour du caban, du drap Ă©pais, vous prĂ©fĂ©rerez du 90. Pour un challis ou une Ă©tamine, nâhĂ©sitez pas Ă descendre aux alentours de 70 ou mĂȘme dâutiliser des aiguilles microtext 65.
FIL
Vous pouvez utiliser du fil de polyester, de coton ou de soie sans danger.
Cela dit, le fil de soie prĂ©sente un grand intĂ©rĂȘt dans le cas dâune veste ou dâun costume dans une belle flanelle de laine : ce fil se marie (on pourrait presque Ă©crire « se mĂ©lange » parfaitement avec la fibre de laine. La couture sera presque invisible. Vos ourlets invisibles Ă la main seront indĂ©tectables.
PIED PRESSEUR
LĂ encore, la laine nâexige pas de pied presseur particulier dans la plupart des cas. Vous pouvez utiliser votre pied le plus classique. NĂ©anmoins, si vous utilisez un tissu qui a tendance Ă se dĂ©former ou qui contient de lâĂ©lasthanne, le pied teflon est une excellente solution. Il facilitera votre travail et Ă©vitera que votre Ă©toffe se dĂ©forme.

LE REPASSAGE EN COURS DE PROJET
La laine est une fibre qui lustre facilement, notamment lorsquâelle est associĂ©e Ă un tissage sergĂ© comme celui dâune gabardine.
Quelques rĂšgles dâor donc :
Ă On utilise toujours une pattemouille.
Ă On repasse la laine au maximum sur lâenvers ; (quand on a besoin de bien voir son travail sur lâendroit, une pattemouille transparente comme un carrĂ© de soie dâorganza peut vous sauver la mise).
à On ne fait pas de va-et-vient avec le fer : on procÚde par appliqué sur le tissu.

DOUBLER SON PROJET COUTURE QUAND L’ĂTOFFE PRINCIPALE EST DE LA LAINE
Pour quelle doublure opter selon le type de laine que lâon a choisi ?
De maniĂšre gĂ©nĂ©rale, on privilĂ©gie une fibre naturelle comme la soie ou le coton en se souvenant de cette rĂšgle de base : les fibres naturelles sâentendent bien entre elles.
Ă Pour un projet ambitieux, comme un manteau, ou une jupe dans une belle flanelle : une soie charmeuse prĂ©sente lâavantage dâĂȘtre agrĂ©able Ă porter, dâĂȘtre respirante et dâĂȘtre facile Ă presser avec le fer.
Ă Pour un budget plus rĂ©duit, un bemberg fera trĂšs bien lâaffaire. Ses qualitĂ©s sont similaires Ă celles de la soie charmeuse. Il sâagit dâune fibre artificielle Ă base de cellulose, vous ne risquez donc pas dâĂ©touffer : vos deux tissus (la laine et le bemberg) prĂ©sentant des propriĂ©tĂ©s respirantes.
à Une doublure en batiste de coton (le « tana Lawan » de Liberty of London est un exemple connu de batiste de coton) est idéale pour doubler des projets en laine légÚre.
Le coton fait barriÚre pour éviter que le contact irritant de la laine avec votre peau tout en respectant le tombé de votre tissu principal.
Câest un choix qui peut ĂȘtre idĂ©al pour doubler (ou tripler câest-Ă -dire traiter deux Ă©paisseurs de tissu comme une seule pendant la couture) un pantalon par exemple.
LA RĂGLE D’OR
On oublie lâexistence du polyester. Ce textile synthĂ©tique respire peu et ne prĂ©sente pas de qualitĂ©s anti-statiques. Un manteau ou une jupe entiĂšrement doublĂ©s en polyester se transformera rapidement en Ă©tuve. Avoir chaud est une choseâŠtranspirer en est une autre.

COMMENT FINIR LES COUTURES D’UN PROJET NON DOUBLĂ ?
LE GANSAGE DES COUTURES
Sans doute une des plus belles finitions qui soit mais elle prend du temps.
à Elle est parfaitement adaptée à des projets en laine de poids moyen ou lourd (un pantalon de flanelle ou un manteau en gabardine par exemple).
Ă On lâĂ©vite sur des laines lĂ©gĂšres telles quâune Ă©tamine ou un challis : le biais va trop lester les coutures et parfois crĂ©er des surĂ©paisseurs peu esthĂ©tiques.
à Voir le cours « coudre comme un-e pro : les techniques indispensables » pour apprendre la méthode de gansage.


LES COUTURES ANGLAISES
Ă Elles sont Ă rĂ©server aux laines les plus dĂ©licates et les plus fines (challis, Ă©tamine, crĂȘpe simple).
à Pour les laines plus épaisses, elles généreront des surépaisseurs et seront parfois impossibles à réaliser.
à Voir le cours « coudre comme un-e pro : les techniques indispensables » pour apprendre la méthode des coutures anglaises.
LE CRANTAGE
Ă C’est la plus rapide, on l’utilise sur des laines qui ne sâeffilochent pas et qui sont assez Ă©paisses, comme la laine bouillie par exemple.
à Voir le cours « coudre comme un-e pro : les techniques indispensables » pour apprendre la méthode de crantage.


SURJETEUSE
Ă Pour un projet dĂ©contractĂ©, dans une lainage souple (un gilet dans un mĂ©lange laine/polyamide par exemple), il est tout Ă fait possible dâenvisager une finition Ă la surjeteuse.
à Nous vous recommandons de préférer dans ce cas un surjet à trois fil discret et adapté à ce type de tissu.
à Voir le cours « merveilleuse surjeteuse » pour apprendre à réaliser un surjet trois fils.
Merci pour cet article instructif et prĂ©cieux pour nos futurs projets ! J’ai appris des choses, en particulier la mĂ©thode londonienne et le choix de la doublure !
Parfait cet article ! Je ne cesse de rĂ©pĂ©ter inlassablement l’obligation de dĂ©catir (surtout mes shweshwe) et je me suis trouvĂ©e perplexe devant mon lainage de caban. De fait, ce sera pressing. DĂ©catir le tissu comme il sera traitĂ© ensuite, c’est simple Ă retenir !
Bonjour, puis je utiliser du dil en laine avec un découvreuse pour coudre des patchs en laine sur un pull troué au coude ?
Merci!